Noé et le sonar
On dit du temps du carême
que c’est un temps pour retourner au désert, pour se recueillir. Mais nous
étions loin d’imaginer cela. Ce temps de confinement forcé est dû à des
circonstances extérieures à notre volonté. Comme au temps de Noé, à
l’improviste, le déluge est arrivé. Dans le récit de la Bible, le déluge a une
dimension universelle. Ne soyons pas alarmistes toutefois, avec cette
pandémie, notre situation ressemble à celle du récit biblique. Noé dans l’arche
avec sa famille et les animaux était à
la merci des événements : il est enfermé, il ne sait pas où il va, et au
fond, plus que dans un bateau, il est dans un sous-marin.
Nous
savons très bien que le but final décrit dans le livre de la Genèse n’est pas
de détruire l’Homme et la Création, mais de lui donner une nouvelle dynamique,
une nouvelle naissance.
Pour
que cette situation soit pour nous tous, profitable, l’occasion d’un changement
personnel et collectif, il faut essayer de revivre l’expérience de Noé. Nous
aussi, nous nous trouvons confinés. Malgré les avantages que nous avons par
rapport au patriarche avec des moyens de communication qui nous permettent de
rester en contact les uns avec les autres, notre sensation de solitude, notre lassitude
de vivre au quotidien avec les mêmes personnes, la limitation de notre espace
environnant, le manque de liberté ressemblent à ce qu’a vécu Noé.
Imaginons-nous
un instant être dans un sous-marin qui veut avancer dans des lieux inconnus.
Comment faire ? Le sous-marin dispose d’un instrument particulier :
le sonar. Le sonar fonctionne par l’envoi d’ondes qui reviennent pour repérer
les obstacles à éviter. Ainsi, petit à petit, le sous-marin peut avancer vers
sa destination sans encombre.
Vous me direz : le sous-marin évolue
dans un environnent simple, la mer. Ses obstacles sont limités, ce sont les
rochers et les gros poissons. Mais pour nous, quel peut être notre
environnement ? Quels peuvent être nos obstacles ? Comment pourrait
fonctionner notre sonar ? L’environnement dans lequel nous sommes immergés
est notre vie, c’est notre histoire. Les obstacles que nous pouvons rencontrer,
ce sont les autres. Le sonar, c’est notre mémoire. Ce temps de confinement est
donc l’occasion de sonder avec notre cœur tout ce qui nous entoure. Notre cœur
nous permet de regarder dans notre mémoire les choses et les autres pour tout
ce qu’ils nous apportent. L’absence de camarades, l’absence de cours, de
professeurs, l’absence de sport collectif nous donnent l’occasion de découvrir
l’importance de l’autre, lui qui supprime l’ennui, me donne la joie de vivre et
l’opportunité d’apprendre. De ce point de vue, les autres ne sont plus des obstacles,
mais des balises qui peuvent me faire grandir, me guider vers ma destinée.
Toutefois
il y a un sonar, une mémoire plus importante que la mienne : il s’agit de
la mémoire collective. Cette mémoire collective, on la bâtit avec à la mémoire
des autres. Cet isolement, en famille, est l’occasion de mieux connaitre nos
parents, nos grands-parents, mieux connaitre comment eux ont vécu des moments
de restriction dans leur propre vie, qu’ils soient matériels ou spirituels.
Mais
ce sonar, la mémoire, resterait un instrument inefficace s’il n’émettait des
ondes qui captent et filtrent ce qu’elles rencontrent. Ces ondes, pour nous, c’est
l’écoute de la Parole de Dieu. En ces jours de confinement, profitons autant
que possible de la lecture et du partage des textes que la liturgie quotidienne
nous propose. C’est un temps précieux pour nous redécouvrir, nous retrouver.
GDO
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